SALLERTAINE histoire des maires

les maires depuis 1790

Avant propos

A Sallertaine, comme dans chaque commune de France, nous avons un Maire. Il s’appelle Jean-Luc Menuet et, en tant que maire, il est, officier d’Etat-civil, responsable du budget de la commune, veille au maintient de l’ordre, assure la scolarisation des enfants, entretien le réseau routier communal, délivre les permis de construire et doit prévoir à moyen terme l’avenir de la Commune. Il n’en a pas toujours été ainsi.

Au travers des maires successifs de Sallertaine, je voudrais mettre en lumière les changements considérables qui ont amené la situation telle que nous la vivons maintenant.
Mon histoire commence avec la première élection, connue, de maire, dans ce qui n’était même pas une commune, mais la Paroisse de Sallertaine. J’ai recherché et trouvé la généalogie et l’état-civil de toutes les personnes citées. Pour beaucoup, il y a des descendants à Sallertaine ou dans les environs. Ces acteurs des premiers temps se retrouvent au cours des deux siècles étudiés, à l’intérieur de leur généalogie. Je voudrais en énumérer brièvement quelques-uns.
André-Denis ANDRE, maire non élu sous la Révolution, j’ai retrouvé 4 maires dans sa descendance : Louis-Delphin FRADIN, Henri FRADIN, Camille FORTIN et Pierre BARRETEAU.
Jean BOCQUIER de la Maison-Neuve, membre du premier corps municipal, qui a eu son petit-fils François BOCQUIER et son arrière petit-fils Gustave BOCQUIER qui furent maires de Sallertaine.
Jean SOUCHET, maire de 1839 a 1843, grand-oncle d’Alexandre SOUCHET, élu en 1919.
<>Maurice MENUET du Grand-Mouton, membre du premier corps municipal, aïeul de Jean-Luc MENUET notre maire actuel.
Jean GUITTONNEAU, Maire de 1908 à 1912, puis de 1914 à 1916, mon arrière grand-père.
Les évènements qui se sont passés à Sallertaine nous ont montrés, que les changements de la politique parisienne, modifiait le fonctionnement de la commune, plus que la volonté des gens de Sallertaine. Nomination ou élection de maires, destitution de ceux qui ne plaisaient pas au pouvoir en place. Obligation de prèter serment à l’Empereur ou au Roi, la vie des maires n’a pas toujours été simple !!!
C’est au travers de l’énumération chronologique des différents maires de notre Commune, la mise à jour de certaines de nos racines. c'est aussi la découverte des fondements de notre démocratie communale.

De 1790 à nos jours

La première trace de l’élection d’un maire est datée du 15 février 1790. Est-ce la première ? Nous savons qu’il y a eu des maires en France depuis le 12e siècle. Il y avait un représentant de la paroisse aux Etat-Généraux: comment était-il choisi ? Quelle appellation avait-il ? Nous n’avons pas trouvé de documents à ce sujet. La première élection qui nous a été transmise est donc celle de 1790. C’est Jean-Baptiste FLEURY, notaire, qui en fait le compte-rendu. « C’est l’assemblée des habitants actifs et éligibles de la paroisse de Sallertaine » (nous en avons dénombrés une petite vingtaine), qui est réunie dans l’Eglise Saint Martin.
Monsieur Gabriel CORMIER, notable important est élu par ses pairs. Il prête serment à la Nation, à la Loi et au Roi. S’il porte le nom de « MAIRE», cela n’a qu’un lointain rapport avec ce que nous connaissons aujourd’hui. Il représente la paroisse, assiste aux cérémonies se fait donner du « Monsieur le Maire », c’est le premier des notables mais il n’a aucun pouvoir.
Les pouvoirs sont ailleurs :
- Les Officiers royaux assurent la police et le maintien de l’ordre, ils dépendent du Roi
- La « Fabrique » encaisse et dispose de l’argent des contributions. Elle est constituée de notables qui se cooptent entre eux ; le Curé est associé à cette gestion
- Enfin le Curé, c’est lui le plus important ! IL intervient dans tous les actes de la vie des familles : naissances, mariages, sépultures. C’est lui qui tient les Registres Paroissiaux il n’y a pas d’Etat-civil officiel. Par ailleurs, chaque dimanche, il célèbre la messe à laquelle chacun est tenu d’assister au cours de laquelle il prononce le « prône » ou sermon, c’est un moyen d’influence non négligeable !
En 1790 le Curé s’appelle Mathurin NOIROT. Nous sommes en 1790 et, c’est là que l’histoire de France rattrape la nôtre. C’est la Révolution, Constitution civile du clergé, le Curé NOIROT prête le premier serment, refuse le deuxième, il est emprisonné à Fontenay.
Le maire Gabriel Cormier a disparu, on le retrouvera plus tard à Challans.
Monsieur André-Denis ANDRE est « désigné par le peuple Officier d’Etat-Civil »
C’est à ce titre que le Curé FEBRE lui remet les registres le 20 septembre 1792.
Qui est André-Denis ANDRE ? IL est instituteur, chantre, sacristain, bientôt il sera gérant de la «Fabrique ». Il signe « Officier d’Etat-Civil nommé par le peuple » auquel il ajoute parfois 'Maire'
Il n’est pas le seul ; Joseph BOISSELIER « officier de santé » (médecin) est un personnage qui compte, c’est lui qui fait partie du Comité Révolutionnaire du District (Challans). Il fait appliquer les directives venues de Paris . Il signe « Agent Municipal ». Mais sur les comptes-rendus de délibération du district rédigés par Jean-Baptiste FLEURYcelui-ci qualifie J . BOISSELIER de maire.
Jean-Baptiste FLEURY
est notaire. Il assure la fonction de secrétaire dans les relations avec le District . IL joue donc un rôle important, ne serait-ce que par les documents qui nous sont parvenus.
A qui faut-il attribuer le titre de "Maire" ?
De par ses fonctions, sans doute à André-Denis ANDRE, mais il n’a pas été élu, pas plus que les autres protagonistes de l’histoire. Disons qu’il a « Fait fonction de Maire »
A nouveau l’Histoire de France intervient dans celle de nos maires.
Les 9-10 novembre 1799, coup d’état de Napoléon Bonaparte ; la Révolution est finie, il faut remettre de l’ordre dans le Pays .
Finis les Comites Révolutionnaires ! Les maires seront nommés par le pouvoir.
Joseph BOISSELIER est nommé MAIRE
Il devient fonctionnaire d’Etat et n’a de compte à rendre qu’au Préfet. Le Conseil Municipal existe toujours mais n’a plus aucun pouvoir !!
Monsieur BOISSELIER habitait la maison où est aujourd’hui le café du « Chêne vert ». Il y est mort le 15 janvier 1810. Il avait un fils qui fut tué par les insurgés et une fille qui mourut peu après son mariage en 1813.
Pour le remplacer, le Préfet choisit Benjamin CORMIER en mars 1810 il a 33 ans. C’est un « Homme de loi » qui habite « Le Logis » à coté de la Mairie , propriété aujourd’hui de la famille Burgaud de Rairé.
Il est le fils de Gabriel CORMIER, Maire sous Louis XVI. Il n’est pas membre du conseil municipal.
Son cousin germain Marie-François CORMIER est choisi par Napoléon pour dessiner les plans et réaliser Napoléon-Vendée, devenu depuis La Roche sur Yon C’est à cette époque, toujours sous les ordres de Napoléon que s’est construite la route Challans-Beauvoir.
Nous sommes toujours dans la pratique des nominations Gabriel CORMIER est renvoyé et Jean LAIDIN est Nommé en mai 1815.
Jean LAIDIN est né à la Fécauderie le 6 août 1776 . Il exercera jusqu’en octobre où il devient percepteur de Sallertaine. Il décède en 1832 aux Grandes Forges à côté du moulin de Rairé.
Le 30 octobre 1815 : Nomination de Jean DANIAU 31 ans ,fermier à Morin, où il est mort en 1832. IL avait été remplacé en novembre 1831 par Louis SIMONNEAU mais , fait nouveau le Préfet désigne le nouveau MAIRE à l’intérieur du Conseil Municipal. Louis SIMONNEAU habitait la maison en face le porche de la vieille Eglise (Marcel Grondin). Il a été Maire de 1831 à 1838.
Viens ensuite Jean SOUCHET de Mareuil, 44 ans. Il est ,lui aussi, conseiller municipal. Son mandat s’achève en 1843.
Toujours suivant la même procédure de désignation par le Préfet , c’est Louis BESSEAUX qui lui succède. IL est marchand rue du Lâvre, la maison où habite Mme Gilberte Vincendeau.
Début 1848, nouveau maire :Pierre COCARD
La politique du pays s’invite à nouveau à Sallertaine !! C’est la révolution de février 1848 et la chute de Louis-Philippe suivie de l’instauration de la 2eme République.

En juillet 1848, nouvelles élections municipales : 16 conseillers sont élus et, en vertu du décret du 3 juillet Ce sont les conseils municipaux qui ELISENT leurs maires .
Monsieur Louis-Delphin FRADIN est le premier à être élu suivant la forme actuelle C’était trop beau, ça ne dure pas longtemps, en 1852, il est révoqué par Napoléon III suite au Coup d’Etat de celui-ci et au Plébiscite qui l’a suivi.
On revient à la nomination. L’homme choisi est à nouveau Pierre COCARD. Il est ancien instituteur. Il était né à Saint-Jean-de-Mont, en 1805 marié à une veuve plus âgée que lui, il n’a pas eu d’enfant. A sa mort il aurait fait un legs conséquent à la paroisse .C’est à partir de là que la construction d’une nouvelle Eglise fut envisagée. Son mandat s’achève avec la fin du second empire en 1870.
Le 4 septembre 1870 instauration de la 3eme République, désormais les Conseils municipaux élisent le MAIRE. C’est Louis-Delphin FRADIN qui est à nouveau élu. Louis-Delphin FRADIN était né à Maillezais le 7 septembre 1820. Il vient à Sallertaine en tant que régent (instituteur) où il épouse Céleste Trichereau, petite-fille de A.D. ANDRE. En plus d’enseigner, il gère plusieurs fermes sur la commune. Il est réélu jusqu’à sa mort en 1891.
Henri FRADIN son fils est élu pour le remplacer. Il est réélu jusqu’en 1897 où il perd la mairie, à la suite de la dissolution par le Gouvernement, du Conseil municipal de Sallertaine.
Louis CROCHET est élu aux elections qui suivent. Il est fermier aux Jaulonnières dans la ferme de la famille Prineau. Mis en minorité aux élections de 1900, il refuse d’assister à l’élection de son successeur.
Son successeur c’est François BOCQUIER, fermier à la Maison-Neuve, il a 52 ans. Il est le petit-fils de Jean Bocquier, notable du corps municipal de 1790 .C’est sous son mandat qu’eurent lieu les inventaires des biens de l’Eglise ; ils furent l’occasion d’affrontements entre la population et les gendarmes venus accompagner les agents chargés des inventaires. il a fait deux mandats de 4 ans jusqu’en 1908.
Aux élections de 1908 c’est Jean GUITTONNEAU 60 ans qui est élu. Issu d’une famille de rescapés des massacres du Perrier par les colonnes infernales, il est fermier à la Petite Touche en plein marais. C’est au cours de son mandat que la nouvelle Eglise s’est construite . Lors du baptême des nouvelles cloches, le 11 juillet 1911, il est le parrain de Flavie, Jeanne, Charlotte, la plus grosse (922Kg) et qui n’est autre que Marie-Charlotte l’ancienne cloche de la vieille Eglise mise en service en 1832. Fêlée et ébréchée, elle avait été refondue grâce à une subvention de la commune .Ceci expliquant sans doute cela !!
En 1912, après avoir conduit une liste qui a 17 élus sur 21, il ne sollicite pas le poste de maire. Il présente son plus jeune conseiller Gustave BOCQUIER, 28 ans, et qui, cette année-là, est élu « plus jeune maire de France » Gustave BOCQUIER est fermier à la Maison-Neuve ,C’est le fils de François BOCQUIER.
Première guerre mondiale 1914 . Déclaration de la guerre, Gustave BOCQUIER rejoint le front.
A 66 ans, Jean GUITTONNEAU reprend le service de la commune .C’est à lui que revient la pénible obligation de porter aux familles les avis de décès des jeunes hommes morts pour la France ; parmi eux celui de son fils Henri. Il reçoit aussi celui annonçant que Gustave BOCQUIER, maire de Sallertaine, adjudant au 2e zouave, est mort pour la France le 8 juin 1916. Une plaque de marbre, sur le Monument aux Morts, en rappelle le souvenir.
Tous ces drames ont raison de la santé de Jean GUITTONNEAU, il meurt à 68 ans (de chagrin a-t-on dit), trois mois après son maire, le 8 septembre 1916. Alexandre SOUCHET, 2e adjoint, assure les fonctions de maire jusqu’aux élections de 1919.
Les élections municipales, qui auraient dû se faire en 1916, ont lieu le 10 décembre 1919.
C’est Alexandre SOUCHET, 45 ans , fermier à Mareuil qui est élu maire. Il sera réélu le 17 mai 1925. Au cours de son mandat, il fit construire l’actuelle mairie ; pour cela il compta beaucoup sur son secrétaire Jean-Louis Bodin (grand-père de Louis Ducept précédent maire de Challans). Petite anecdote pour situer le personnage, à la fois truculent et bonhomme, pas forcément aussi naïf qu’il semblait le paraître : L’architecte vient à Sallertaine lui présenter les plans de la future mairie « Vous voyez, père Souchet, en bas à droite vous avez l’échelle des plans » « Une échelle !!, une échelle !!... » « Pour le prix que vous nous demandez, vous ferez tout de même bien un escalier » rétorque le père Alexandre.
Les élections de 1929 voient une situation inédite :sur 21 conseillers 10 sont élus sur la liste Souchet, 10 sur la liste Caiveau et Henri Pitaud en candidat isolé .Apres avoir revendiqué le poste de maire, celui-ci choisit Jean CAIVEAU Mr Jean CAIVEAU a 41 ans, il est forgeron au bourg; il avait épousé le 15 septembre 1919 Clémence MENUET, arrière-petite fille de André-denis ANDRE. C'est pendant son mandat de maire qu'eurent lieu les fameuses inondations de 1931, l'eau monta dans plus de 50 maisons du marais et certains avaient la yole pour aller du lit à la table !!!
Il est réélu le 19 mai 1935. Il décède au cours de son deuxième mandat le 15 avril 1938.
C’est un petit fils de Louis-Delphin Fradin, Camille FORTIN qui le remplace le 29 mai 1938. Camille FORTIN a 43 ans, il est instituteur, il habite le bourg dans la maison en face l’entrée du jardin de Vaulieu. Son mandat sera bien court, à peine 17 mois. En effet , il meurt à son tour le 4 octobre 1939, victime lui aussi de la guerre 14-18; en effet il avait été gazé au front.
Commence alors la période mouvementée de la 2e guerre mondiale. Pierre Barreteau 1er adjoint est mobilisé, il revient en avril 1940 et fait fonction de maire. Pierre BARRETEAU est élu maire le 4 mai 1944. Il a 37 ans et est meunier au moulin de Rairé. Il est le descendant à la 5e génération de André-Denis ANDRE maire non élu sous la Révolution.
Jean BARRETEAU 57 ans, agriculteur à la Bourie est nommé le 10 novembre 1944 par le Comité de Libération Nationale . Il s’agit du dernier retour à la désignation des maires par le pouvoir ; cela s’expliquait sans doute dans certaines villes ou les municipalités en place avaient été un peu trop complaisantes avec l’occupant nazi, pas à Sallertaine. Aux élections du 18 mai 1945, Pierre BARRETEAU retrouve son fauteuil de maire.
Il sera constamment réélu en 1947, 1953, 1959, 1965, totalisant 31 ans de fonction c’est le plus long mandat de maire sur notre commune. Le très long mandat de Pierre BARRETEAU a correspondu avec le basculement d’une société rurale vers l’ère industrielle. Les charrauds sont devenues des routes, et sur ces routes les vélos ont laissé la place aux voitures, les chevaux ont été remplacés par des tracteurs, l’époque où on prenait le temps de vivre a vu arriver la frénésie.
Pierre BARRETEAU a su accompagner Sallertaine dans tous ces bouleversements
Le 28 mars 1971, Emile GABORIT est élu maire, il a 42 ans et est boucher en face de la Mairie. Il est réélu trois fois en : 1977, 1983 et 1989. Parmi les réalisations de cette période on peut citer : la rénovation de la Mairie, la création de salles et l’école publique sur la place qui porte son nom. Il y en aurait beaucoup d’autres, mais chacun les a en mémoire car la période est récente.
En 1995, le 25 juin Jean-Luc MENUET prend la suite dans la liste des maires de Sallertaine. Jean-Luc MENUET a 41 ans. Il est aviculteur-accouveur à la Bourie. De vieille souche sallertainoise, il a un ancêtre à la 7 ou 8è génération qui était membre du premier corps municipal . Depuis on trouve, presque à chaque génération, un Menuet du Grand-Mouton dans les différents conseils municipaux. Jean-Luc MENUET a été réélu en 2001 et en 2008.
Voila déroulé l’écheveau des 23 maires qui ont présidés aux destinées de Sallertaine , et ceci , depuis plus de deux siècles. Petit à petit Maires après Maires, la démocratie a progressivement trouvé une plus grande place dans le fonctionnement de notre village.
Je pense qu’il est important de savoir d’où nous venons, comment se sont construites les règles de vie en société, de nos ancêtres à aujourd’hui. C’est un petit morceau de notre histoire, nous gens de Sallertaine, qui fait partie de ce qu’on appelle l’HISTOIRE avec un grand H.

Camille Vrignaud

Mes Sources :
- Les Archives Communales
- Les Archives Départementales
- Un Village dans la tourmente de la Révolution de Raymond COUTON
- La base de données des Maires de France
Et aussi tous ceux qui m’ont aidé d’une façon ou d’une autre. Je citerai en particulier Yves MENUET, Laurent VRIGNAUD, Mr et Mme Richard BILLET, Raymonde MERCERON-FRADIN, Mr et Mme Bernard NAULLEAU, Albert PRINEAU, Gilbert SOUCHET ….et il y en aurait bien d’autres !!!

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