Gisant d'un enfant
Cette photo a été publiée dans la revue 303 n°18 - 1988 avec les commentaires de Richard Levesque (conservateur des musés de Vendée) dont voici un extrait:
Bras repliés et croisés sur la poitrine, vétu d'une tunique ne laissant paraître que les pieds, le gisant est entouré d'un répertoire varié de frises sculptées Mal à l'aise dans la représentation naïve et maladroite du corps humain et dans celle des drapés, le sculpteur donne libre cours à son imagination dans un vocabulaire d'esprit très roman, inhabituel sur ce type de monument : étoiles sous les pieds, entrelacs au-dessus de la tête, feuilles d'eau le long des grands côtés et frise continue d'arc plein cintre sur l'épaisseur de la pierre. Sous les pieds, une plaque rectangulaire bûchée fournissait, peut-être, une solution à cette oeuvre rare et énigmatique.
La naïveté de la sculpture rend difficile une datation serrée. Le vocabulaire"roman" pourrait faire pencher pour une réalisation du XIIè siècle ; l'archaïsme du rendu n'est peut-être que la marque d'une oeuvre locale du XIIIè siècle.
Un témoignage datant de 1873
Dans une notice rédigée en 1882 sur Sallertaine, l'abbé Simonneau évoque ce qu'il a vu en 1873 et il fait la description suivante du couvent : ' Sa vaste chapelle apparaît encore tout entière par son plan imprimé sur le terrain. Le choeur en était spacieux ;du côté de l'est on remarque l'emplacement d'un autel et d'une porte conduisant au monastère converti actuellement en jardin où la charrue exhume encore quelquefois du sol des carreaux, des briques et des ardoises, mettant à nu les dimensions des appartements. On peut donc dire de ce prieuré : " Quamvis destuctus adhuc loquitur ".
Le choeur de l'édifice se trouve aujourd'hui sous un hangar destiné à abriter les charrettes. En 1873, on y a trouvé plusieurs pierres tombales dont le temps avait dévoré les inscriptions on n'a donc pu reconnaître les cendres qu'elles recouvraient tout porte néanmoins à croire que ce sont les restes de quelques religieuses ou de quelques seigneurs du pays
A l'ouest de la chapelle, on voit l'emplacement du champ du repos. On rencontre souvent dans cet ancien cimetière des ossements humains ; 'est maintenant un lieu fécond qui produit du blé magnifique, renommé par sa beauté et sa qualité.' (4)
Hommage un brin nostalgique d'un homme d'église du XIXème siècle aux religieuses qui ont évangélisé un pays qui n'a sans doute pas été accueillant pour les gens d'église. Au moins elles ont transformé la lande inculte en terre à blé fertile. Elles ont apporté bien plus que leur cadavre, ces moniales, mais Sallertaine semble avoir fait de la résistance et les Sallertainois ne leur témoignent pas beaucoup de reconnaissance !
(3) : Céleste Trichereau apporta à la famille Fradin une parcelle de terre qui devint un jardin connu sous le nom de 'jardin des Fortin' récemment converti par la commune en jardin public et actuellement dénommé 'Jardin de VAULIEU'. Dans un angle d'une petite construction particulière appele par la famille Fradin-Fortin 'chapelle', on remarque des pierres sculptées' de provenance inconnue' !
(4) : Abbé SIMONNEAU
Le XIXème siècle
C'est la grande époque de sa destruction. Le chemin de la Lande a dû voir passer bien des tombereaux chargés de pierre. Cependant les premiers à se servir ont été les propriétaires des trois exploitations agricoles situées sur le domaine de l'ancien prieuré : la Chapelle, le Logis, la Métairie (ou Petit Logis). Les bâtiments actuels sont construits en pierre tirée du couvent et de l'église. Les étables datent d'un peu avant 1820 et on y trouve beaucoup de pierres taillées ainsi que quelques colonnes. Ces constructions ont été réalisées avec les vestiges du couvent. On y trouve aussi des poutres très anciennes.
Vers les années 1850-1860, il y eut une deuxième vague de constructions ici. C'est de ce temps que date cette maison dans laquelle j'habite maintenant et où je suis né. La maison d'habitation actuelle du logis a été la première des trois. Lors de travaux de rénovation entrepris en 1998 il a été possible de constater que dans les murs il y avait la présence de tuffeau angevin mélangé avec la pierre de Sallertaine Certaines de ces pierres blanches étaient sculptées et doivent provenir de la décoration intérieure de l'église réalisée au cours des siècles. La Chapelle a été construite une dizaine d'année plus tard et porte la date de 1866 cette inscription n'a été retrouvée que tout récemment . La Métairie (ou Petit Logis) date de la même époque que la Chapelle et est construite rigoureusement sur le même plan. L'église a servi de carrière pour ces bâtiments.
Note de l'abbé Charles Grelier
Glissée parmi des papiers du XVème (Archives d'Angers)(5) se trouve la note manuscrite suivante
Prieuré fontevriste de la Lande en Beauchêne, commune de Sallertaine, Canton de Challans (Vendée).
Il est fondé en 1110, par les fondateurs mêmes de la célèbre abbaye de Fontrevault, Maine et Loire. Robert d'Arbrisselle et pétronille de Chamillé vinrent eux-mêmes le fonder sur place. Ils étaient accompagnés de Pierre, seigneur de la Garnache [La Garnache, commune du canton de Challans] Les seigneurs- fondateurs furent enterrés en l'église de ce prieuré de la Lande en Beauchêne. Les moniales devaient être nombreuses, à en juger par l'importance de leur église qui avait trois nefs.
Ce sont les protestants qui ont ruiné le monastère, mais les terres, évidemment, subsistaient et leurs revenus servaient à rétribuer les fondations de services et de messes pour les bienfaiteurs. Il y avait un chapelain, chargé de ces services et de ces messes. On en trouve trace dans les archives de Challans.
Après la Révolution, la Lande en Beauchêne fut cédée par l'état, en compensation, à une famille de fraîche noblesse, en compensation de je ne sais quoi. Cette famille fit construire en ville de Challans, un château, vers 1802-1803. Ce qui restait des murs de l'église priorale de la Lande en Beauchêne fut démoli, amené à Challans pour en faire le château, qui avait bel aspect. Mais, en 1906, dans des conditions déplorables et pour une cupidité honteuse, le château qui avait à peine un siècle fut démoli. Au cours de la démolition on trouva les chapiteaux et les bases de colonnes de cette église priorale : ils m'ont été offerts aussitôt et figurent actuellement dans mon musée en plein air.
C'est Me Arnaud, notaire, qui fit vendre le château, dont les propriétaires [une tontine] ne voulaient plus.
Avant la disparition des fondations de l'église, Me Rousseau, agent-voyer de Challans, en fit faire un plan minutieux qui me fut remis.
Challans, 23 mai 1962 Abbé Charles Grelier
« L'abbé Grelier qui était déjà agé fit venir les archives de la Lande à la mairie de Challans pour les consulter ».
(5) réf : 165 h 2 Archives du Maine et Loire.
Avant la Révolution
" La Lande faisait partie des Biens Nationaux qui ont été vendus à la Révolution. Les bâtiments étaient déjà dans un état de délabrement avancé. Il n'y avait plus ni moines ni moniales. L'église était tronquée.
Cette mutilation de l'église est intervenu à la fin du XVIIème siècle. Il était devenu trop coûteux de la refaire en entier. Un tel édifice n'avait plus sa raison d'être initiale, qui était d'assurer le service divin à la communauté monastique. Il était trop grand pour le petit bourg de la Lande et les village des environs. Une cloison a donc été construite entre nef et transept et l'église est devenue la chapelle, desservie par un chapelain. Le nom est resté : ceux qui veulent découvrir La Lande en Beauchêne doivent de nos jours aller au lieu-dit La Chapelle.
Reportons-nous en 1748. Nous avons un état des lieux qui a été fait lors du décès du fermier Jean Groleau et à la prise de fonction de son successeur : Mourain des Bouchauds. A part l'église réduite à l'état de chapelle et dont la nef est 'ruinée et démolie' (pas entièrement démolie, mais en triste état sûrement), nous avons des indications sur le bâtiment du couvent.
Le fermier y avait établi sa demeure dans une partie encore aménageable. Tout naturellement on pense à la salle capitulaire et d'autres salles situées côté ouest.
Au-delà de 1748, l'apparence du prieuré ne nous est pas connue. Mais nous obtiendrons peut-être des indications, des croquis qui sait ?. Car si ce prieuré a disparu sur le terrain, il a laissé une très grande quantité de documents. Ceux-ci n'ont pas encore été dépouillés mais il seront bientôt accessibles plus facilement qu'en allant aux archives du Maine-et-Loire. Affaire à suivre ...