LA LANDE EN BEAUCHENE - SALLERTAINE

Article de 1909 paru dans l'amanach paroissial

Dans l'Almanach Paroissial de 1909 de Sallertaine M.Prudent ROGER curé rédige un article sur la Lande en Beauchêne. La mémoire des habitants s'estompe le couvent disparait petit à petit.
Voici une reproduction intégral de cet article, repris plusieurs fois dans le bulletin municipal de Sallertaine et dans la revue de la Sociétè d'Histoire de Challans.

Cet article sera suivi d'un extrait du livre de M.Pavillon publié en 1666, Ce livre constitue une des rares sources de documentation sur les débuts de ce monastère, avant les travaux récents de l'équipe des historiens de Fontevrault dont en particulier M. Jean Marc BIENVENU qui a recontitué le cartulaire de la célébre Abbaye de Fontevrault.

Parlons un peu de la Lande. La Lande a été pendant plusieurs siècles la rivale de Sallertaine. Le bourg de la Lande avait ses religieuses, qu'on appelait alors des moniales. Moines et moniales sont arrivés dans le pays à un siècle d'intervalle à peu près. Les premiers venus sont les moines. Dire l'époque au juste de la fondation de leur monastère serait difficile. Mais nous savons de source sûre que le monastère des Religieuses de la Lande fut fondé vers 1110 voilà 800 ans !

Ces deux monastères donnèrent à Sallertaine une importance assez considérable. Jusqu'à l'époque des guerres de religion, c'est-à-dire pendant plus de cinq siècles, l'histoire de notre paroisse se confond avec l'histoire de ces deux maisons re1igieuses. C'est donc à elles que Sallertaine a dû non seulement sa gloire dans le passé, mais encore son existence.

Par qui fut fondé le monastère de la Lande ?

Ecoutez. Il y avait, en 1110, sur le siège de Poitiers - dont le diocèse de Luçon faisait alors partie - un saint évêque, du nom de Pierre. Ses grandes vertus le firent canoniser après sa mort; et nous célébrons sa fête le 4 avril. Pierre avait en haute estime un autre saint personnage, le Bienheureux Robert d'Arbrissel, qui venait de fonder un ordre religieux de femmes à Fontevrault, tout près de Saumur. Désireux de voir se propager cet ordre religieux dont il attendait le plus grand bien pour son diocèse, le saint évêque de Poitiers qui connaissait la magnifique situation, de la Lande, vint en personne trouver le seigneur de la Garnache, Pierre II, de qui relevait toute cette contrée, pour l'exhorter à y fonder un monastère de l'Ordre de Fontevrault. Ce gentilhomme, dit l'histoire, reçut l'avis de l'évêque comme un ordre du ciel ; et, espérant beaucoup dans le voisinage de ces bonnes religieuses dont il connaissait. déjà le mérite par réputation, il prit le dessein de leur bâtir un couvent dans le lieu que lui désigna ce prélat. c'est-à-dire à la Lande-en-Beauchêne ainsi appelée à cause des beaux arbres qui y croissaient. A son retour, l'évêque de Poitiers pria le Bienheureux Robert d'Arbrissel d'aller voir si l'emplacement lui convenait. Il le trouva très favorable à la solitude, et l'agréa. Aussitôt le bon seigneur de la Garnache fit travailler à la construction du monastère. Quand tout fut prêt, les Religieuses Fontevristes vinrent s'établir à la Lande.

Peu de temps après, Robert d’Arbrissel, leur fondateur, voulut se rendre compte par lui-même de l'état de la pieuse Communauté. Il pria le saint évêque de Poitiers de vouloir bien l'accompagner dans cette visite. Tous deux vinrent de nouveau à la Lande. Le seigneur de la Garnache ayant été averti de leur arrivée, vint au couvent pour leur rendre civilité, et amena Amiote, sa femme, et ses enfants, Pierre, Gilbert, Geoffroy, Adde et Françoise. Adde, l'ainée de ses fiIles, y prit l'habit religieux, ainsi que Amiote, à la mort de son mari.

La chapelle de la Lande était grande comme une église. Il n'en reste à peu près rien aujourd'hui. Cependant il est assez facile d'en connaître les dimensions par certaines parties des fondations que l'on découvre à la pioche. Cette église avait la même forme et la même étendue que notre église neuve.

Elle avait, elle aussi, trois nefs ; de chaque côté du choeur une absidiole, c'est-à-dire une petite chapelle ronde. Sa largeur était d'environ 16 mètres, et sa longueur d'une quarantaine de mètres. D’ailleurs M. Fradin, maire, régisseur de M. le Mintier de Lehellec, propriétaire de la Lande, a eu soin en 1885, après avoir détruit ce qui restait des murs, d'indiquer les lignes des murs extérieurs, ainsi que l'emplacement des piliers intérieurs et le milieu de la grande nef par une plantation de peupliers qui dessinent assez exactement le plan par terre de la chapelle.

Cette chapelle a dû être incendiée, ainsi que le monastère, par les Protestants. Et. par la faute de ces hommes qui, comme tous les révolutionnaires, ne savent que détruire, la Lande a tout perdu, tout excepté sa foire la plus importante de la contrée, qui s'est tenue au village même de la Lande jusqu'à la. Révolution.

Depuis un siècle, cette foire, qui revient chaque année le 20 juillet, se tient au bourg. Mais elle décline grand train. Et bientôt il ne restera plus de la foire de la Lande, comme de son église et de son monastère, que le souvenir.

Ci-dessous un passage du livre de M. Pavillon. On remarque que le chapitre de ce livre traite des débuts de la Lande en Beauchêne et de Tuçon (Tusson).Ces deux monastères ont une origine semblable et les batiments ont été construits à la même époque. Les ruines de Tusson sont plus importantes que celles de la Lande. Sur une page séparée vous pourrez voir quelques photos de ces ruines. Les motifs de décorations rappellent les quelques vieilles pierres scuptées trouvées à la Lande.

ACCUEIL :______________: Les ruines de Tusson